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La mort de Staline : une effroyable et hilarante leçon de leadership destructeur

Laura

Dernière mise à jour : 21 nov. 2023

"Tout pouvoir corrompt, le pouvoir absolu corrompt absolument" disait avec pertinence Lord Acton au XIXe siècle. Une phrase que Staline aurait dû méditer avant son AVC.

Étonnant film que celui d'Armando Iannucci, réalisateur anglais qui adapte ici une BD française à succès. Malgré quelques libertés prises (le discours du fils de Staline à l'enterrement n'a pas été autorisé; sa fille a demandé l'asile lors d'un voyage en Inde en 1966) le réalisateur respecte d'assez près la vérité historique mais privilégie l'éclairage d'épisodes grotesques ou monstrueux, en une comédie humaine particulièrement féroce.


S'ensuit un ballet de manœuvres tragi-comiques, généralement consternantes, complots entre camarades qui se déchirent devant la soif inextinguible de pouvoir.


Le niveau de cynisme qu'atteint en particulier Beria, longtemps l'âme damnée de Staline et chef du NKVD jusqu'en 1946, géorgien comme lui et exécuteur de ses plus basses oeuvres de purges, d'exécutions sommaires (Katyn) et de déportations aux goulags atteint des sommets d'horreur et d'inhumanité. Staline trouvait d'ailleurs qu'il avait trop de pouvoir et le tenait de plus en plus éloigné, craignant pour sa vie.


Il y a dans cette description sardonique du fonctionnement du PolitBuro, dont le rôle théorique est de construire le destin de l'empire soviétique, une accumulation quasi-didactique de contresens, pièges, erreurs et mauvaises pratiques de leadership :


  1. L’individuel prime sur le collectif : un groupe d’hommes animés exclusivement d'ambitions et de calculs individuels mène inéluctablement à un simulacre de collaboration.

  2. Les décisions sont motivées par le désir de pouvoir et non par une vision collective : l'opportunisme et l'appétit de pouvoir sont le terreau de décisions collectivement et humainement destructrices

  3. Aucune transparence : absence quasi-totale de réflexion ouverte qui mène inéluctablement à la méfiance, un des pires ennemis de l'intelligence collective

  4. Aucune reconnaissance des compétences individuelles : impossible dans ce contexte d'imaginer une quelconque répartition des rôles où chacun pourrait contribuer à la création d'une vision ou d'une stratégie en s'appuyant sur ses talents propres.

  5. La peur tétanise et génère l’inaction : Staline terrorisait son entourage et lors de son AVC, personne n’ose venir le secourir même après avoir entendu le choc sourd de sa chute au sol, de peur d'encourir ses foudres.

L’exercice d’un leadership créateur de valeur est évidemment complexe; on peut toutefois considérer que les 5 éléments évoqués ci-dessus pris à l’envers constituent de bonnes bases pour l’améliorer.


D’autres films mettent en scène des formes de leadership vertueuses comme 12 hommes en colère (Sidney Lumet) ou Il faut sauver le soldat Ryan (Steven Spielberg).


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Pour voir le film dans son intégralité :

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